La CPI dans les grands-lacs : Une épée à multiples tranchants.
La présence du procureur général de la Cour Pénale Internationale, CPI, en République démocratique du Congo n’est pas un sujet aussi simple qu’on ne le pense. Il y a tellement des angles divers que cette implication judiciaire internationale peut ressortir et considérer dans une région où les sujets et cas passibles d’encourir ce tribunal international sont légion et sont autrement représentés et qualifiés.

Il est temps de tenir compte de multiples catégories des crimes commis en RDC et dans les grands-lacs.
L’expertise de la CPI devrait regarder minutieusement les éléments et indices susceptibles de rentrer dans les différentes catégories des crimes de droit commun car, les massacres sont, les uns les autres, produits dans des contextes différents mais, curieusement, avec une ampleur quasi similaire. On veut tout simplement dire que quelle que soit l’échelle du nombre des victimes, c’est la fréquence des tueries qui nous emmènent à souhaiter que le champ de couverture soit plus étendu.

A considérer le nombre des victimes à l’Est, on a souvent tendance à oublier l’ampleur des crimes qui se perpetrent dans les autres coins du pays où des milliers de personnes innocentes sont tuées de manière périodique ou cyclique. Il y a eu des massacres prémédités, des actes orchestrés et planifiés par un ou des déclencheurs intellectuels dans quelques provinces où les crimes se chiffrent à des milliers de victimes; cependant, les circonstances de ces drames sont attribuées à des incidents culturels et indigènes récurrents or, ces tensions sont suscitées par des acteurs humains, parfois même cités, qui instrumentalisent des jeunes entraînés dans des stratégies de déstabilisation des institutions dûment établies.

Ceci nous entraîne de suggérer à l’instance judiciaire internationale d’aller encore plus loin dans le fond, dans le temps et le champ d’application, avec les investigations et enquêtes, pour parvenir à détecter des preuves susceptibles de pouvoir déterminer les origines et causes de ces exactions répétées dans certaines contrées du pays. Entretemps, s’il faut limiter la période criminelle à moins de 5 ans, ce serait une erreur pour les enquêtes d’autant que les crimes contre l’humanité perpétrés en République démocratique du Congo remontent à bien plus longtemps et sont commis de manière comme des ressources exploitées et déterrées pour reprogrammer des troubles et tueries calculés, en cas de besoin politique.

Le procureur général de la CPI, Karim Khan, ne doit pas négliger, non plus, la catégorie des crimes urbains avec ceux de nos milieux ruraux pour les distinguer des crimes politiques et des crimes de guerre dans cette région où les enjeux politiques et les conflits ont des racines plantées par, souvent, un seul et même mobile criminel à condamner.
Tout le monde sait que ce sont les politiques de la région qui sont derrière toutes les catastrophes humanitaires dénoncées.
Il convient que l’on accorde aux cas des crimes politiques le même degré de criminalité odieuse attribué aux cas de génocide, d’épuration ethnique et conflits tribalo-ethniques, des violences des militants des partis politiques, de massacres des populations innocentes, d’arrestations arbitraires et assassinats clandestins des personnes ciblées pour leur opinion politique, des victimes des guerres et rébellions.

N’empêche que les caractères des crimes soient différents, le volume des victimes, dans la plupart des cas, reste majeur et important.
L’impunité et la récurrence des certains crimes interdisent que les uns s’estiment exemptés de moindre poursuite en rapport avec la forme de leurs crimes et, que les autres, soient punis parce qu’ils ont été reconnus coupables d’avoir créé des groupes armés et milices meurtrières ! Quelque part, ce sont des criminels de même acabit mais, pas avec le même masque.
Il faudrait pouvoir établir les chaines de responsabilités à plusieurs niveaux pour identifier le centre de certains commanditaires d’exécution.
L’opinion internationale doit savoir qu’il existe dans la région en général et en RDC en particulier, des types différents de criminalité.

Il y a celle officielle, c’est-à-dire celle des personnes qui bénéficient de certains avantages, relations privilégiées ou des pouvoirs publics.
Ces personnes civiles ou autorités établies s’accordent des droits de vie et de mort sur des milliers des citoyens, victimes en milieux urbains et ruraux, pour des motifs parfois injustifiés. Des condamnations et exécutions sont opérées sous l’oeil indifférent d’un pouvoir judiciaire local muselé et corrompu. C’est une criminalité imprévisible, permanente, périodique, récurrente qui compte des milliers de disparus. Pour la plupart, il s’agit des raisons d’opinions politiques ou tribalo-ethniques qui opposent des communautés entre elles ou face à une répression publique.

N’est-ce pas lui-même, le procureur général de la CPI, Karim Khan, qui a bien signifié, à son arrivée: « Tout groupe armé, toute force armée, tous les alliés des groupes armés et des forces armées n’ont pas un chèque en blanc (…) la loi doit être effective ».
La rédaction.
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