Haut-Katanga : Entre horreur et terreur à Kilwa.

Sécurité.

Haut-Katanga : Entre horreur et terreur à Kilwa.

Plus d’une dizaine de personnes ont été tué dans la cité de Kilwa, le jeudi 15 août dernier.

Ces personnes sont mortes dans des circonstances qui soulèvent beaucoup d’interrogations dans l’opinion publique où, certains acteurs de la société civile et personnalités politiques demandent que des enquêtes indépendantes soient diligentées, le plus tôt possible, afin d’éclaircir tous les faits et éléments d’informations sur le sujet.

Jusque là, on informe que les éléments des forces armées FARDC ont tiré, à bout portant, sur des personnes civiles qui manifestaient dans la cité. Pourquoi avoir massacré ces personnes ? Qui étaient ces civils ?

D’après le commandement militaire de la région, c’était une menace. Ces personnes étaient armées de fusils, des arcs à flèches, des machettes,… Du côté de la population et de la société civile locale, il s’agissait, tantôt, d’une manifestation pacifique des habitants de la cité, tantôt, d’une marche des adeptes, généralement couverts de poudre blanche, d’une secte mystico-religieuse dénommée  » ERDA MBIDI », Eglise de Révélation de Dieu par nos Ancêtres, autrement appelée aussi  » MBIDI KILUE ».

Pour ceux qui n’y comprennent pas quelque chose, c’est un mélange de religion chrétienne, d’histoire et de traditions coutumières. ILUNGA MBIDI KILUE était le roi fondateur de l’Empire des Lubas. Associer les coutumes ancestrales, l’histoire de ce grand monarque traditionnel avec Dieu de la chrétienté, tout cela produit un étrange syncrétisme qui est fondu dans une croyance mystique et ésotérique.

C’est ce qui tend à qualifier ce mouvement de secte aux pratiques semblables à celles des fanatiques de Kamina Nsapu, Maï-Maï, Bundu Dia Mayala, Mobondo,…

Entretemps, cette version est battue en brèche par le représentant légal de cette église qui a affirmé ne pas connaître les victimes et que ses fidèles n’avaient rien à voir avec les personnes qui ont été abattues comme des chiens par les hommes en uniforme des FARDC.

Même que le commandant en chef de la 22ème région militaire, le général Eddy Kapend, pour sa part, est catégorique en déclarant qu’il s’agissait d’une attaque des miliciens Maï-maï apparentés au groupe armé des BAKATA KATANGA.

Le bilan de l’armée est de 9 miliciens tués, 3 capturés et 2 blessés côté FARDC. Un important matériel de guerre a été récupéré, indique l’information militaire. Quant à l’Asbl JUSTICIA, une organisation de promotion et protection des droits humains et du droit humanitaire, le total provisoire des victimes est de 10 civils non armés de tués.

Au delà des confrontations des rapports pour établir les responsabilités, c’est une grosse inquiétude qui plane dans toute la province du Haut-Katanga avec des risques qu’elle s’étende dans toutes les autres provinces de l’ex grand Katanga.

De là, à s’attendre à un effet contagion dans le grand Kasaï jusqu’au Bandundu, c’est plus qu’une simple panique qui s’installe dans la conscience des congolais avertis. D’ailleurs, d’autres voix politiques réclament que justice soit rendue sur ces terribles événements susceptibles d’embraser toute la région. C’est le fief de l’opposition républicaine incarnée par Moïse Katumbi Chapwe qui y est parmi les siens. Kilwa, c’est l’environnement de Kasenga, Pweto, Mitwaba, tout le sud- Katanga des Babemba, Balamba et Batabwa.

De la situation humanitaire consécutive, la société civile informe que 9 corps des victimes sont conservés à la morgue de l’hôpital de la cité alors que le 10ème, celui d’un jeune bien connu de Kilwa, a été repris par sa famille pour être inhumé ce week-end. Autre élément, le vendredi 16 août, une femme d’un village des environs, celui de KAPELETA,, à 5 km, a été arrêté par la police locale, au motif grave qu’elle est accusée d’être là protectrice et détentrice du pouvoir occulte des fétiches affichés par les assaillants civils.

Selon toute apparence, c’est un drame socio-humanitaire et politique qui peut éclater et dégénérer si l’on n’y prend garde.

La société civile locale est sur une marche de protestation contre les forces de l’ordre convaincues d’avoir stopper une tentative d’atteinte à la sécurité d’où, les autorités compétentes pour régler de tels conflits, en premier, le Vice-premier ministre, ministre de l’intérieur, décentralisation et affaires coutumières, devrait s’y mettre avec le concours de l’état-major des FARDC, pour éviter que la poudre mystico-religieuse se joigne à des calculs politiciens.

Dans cette triste affaire des morts de l’illustre cité de Kilwa, siège d’un des plus prestigieux diocèse catholique et ressort de vieilles tragédies dont les démons ne doivent pas se réveiller de l’oubli qui s’impose, il est prudent de vite apaiser les tensions qui existent déjà.

Encore que plusieurs défis sécuritaires qui sont en cours et retardent notre pauvre République démocratique du Congo exsangue, allumer un autre foyer guerrier est très malvenu pour tous les efforts engagés par le pays.

Guy ILUNGA KABAMBA