RDC: Une nouvelle armée ? Rétrospective et perspective.
Que faut-il retenir et comment y parvenir ? C’est une analyse d’un congolais qui a évalué les faits et conséquences du problème militaire congolais depuis l’indépendance à nos jours.
Il y un débat nourri en RDC sur le temps nécessaire à la formation ou à la constitution d’une véritable armée. Je reviens sur une pratique courante en RDC et l’avis d’un expert.

1/ Le mauvais exemple
Lorsque Patrice Lumumba a été arrêté le 1er décembre 1960 à Port Francqui, on a trouvé sur lui des documents compromettants (documents reçus, envoyés ou à envoyer)¹. L’un de ces documents était une lettre de D. Diaka, son chef de cabinet à la Défense Nationale, datée du 13 septembre 1960. Diaka lui suggérait de former des effectifs supplémentaires de 50.000 hommes, pour l’armée, sur une période de 6 mois.

Il est clair que le délai de formation proposé par Diaka sous-estimait l’ampleur de la tâche. En réalité ce qu’il voulait constituer n’était rien d’autre qu’une milice au sein de l’armée. Les lieux de recrutement et le profil des personnes à recuter confirment le caractère sectaire du recrutement proposé.

Je vous laisse juger par vous-mêmes. Le chef de cabinet Diaka suggérait à Lumumba (qui était Ministre de la défense dans son propre gouvernement) que les recrues viennent de² :
- De la province de Stanleyville
- Des Districts du Kwango-Kwilu
- Du Lac Léopold II
- De la province du Kivu-Maniema
- De la province du Kasai
Pour ce dernier cas (5), le chef de cabinet précisait que le recrutement devait se faire dans « des milieux Lulua-Kasongo, Batetela et Bakuba. »

2/ L’avis d’un expert
La création d’une nouvelle armée prendrait au moins 5 ans au rythme de 20.000 nouvelles recrues par an. La formation des officiers portera sur 250 élèves-officiers par an. Au bout de 5 ans, 1.250 officiers auront été formés pour encadrer des brigades d’infanterie comprenant 3.500 hommes et femmes chacune.

L’histoire du Congo-Belge nous apprend que l’administration coloniale mettait un point d’honneur à faire de l’armée le creuset de la diversité ethnique du pays. A titre d’exemple, les autorités militaires veillaient à ce qu’il y ait dans chaque peloton des représentants d’au moins 4 tribus³.

La prédominance des Bangala était dûe à des facteurs historiques. Lorsque l’administration coloniale a décidé de se défaire des recrues étrangères, les premières recrues congolaises venaient des régions occupées par les Bangala. A cela s’ajoute la propension des troupes swahiliphones à se mutiner (ex : 1895, 1897)⁴.

¹ Samuel Malonga, « Des documents compromettants trouvés sur Lumumba », 9 juin 2021, www.mbokamosika.com.
² Des provinces, des Districts et des tribus favorables à Lumumba.
³ Lisolu ya biso, 1885-1960, Notre histoire, Le soldat congolais de la Force Publique, Musée royal de l’Armée et d’Histoire militaire à Bruxelles, 2010.
⁴ Lisolu ya biso, 1885-1960, Notre histoire, Le soldat congolais de la Force Publique, Musée royal de l’Armée et d’Histoire militaire à Bruxelles, 2010.
Richard Tshombe, Analyste congolais indépendant.
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