La chevrerie de la liberté: OPINIONS LIBRES ET CITOYENNES.

La chevrerie de la liberté.
Il y a quelques années, je me suis rendu dans le Nord-Est de la RDC pour me rendre compte de l’état d’avancement des projets communautaires que nous finançions en faveur des populations vivant dans la Réserve de Faune à Okapis (RFO). Je m’attendais donc à un dialogue avec les gestionnaires des projets financés.

Finalement, je me suis retrouvé à dialoguer avec des chèvres. A une étape de la tournée on m’a conduit vers une chevrerie « sur pilotis », conçue ainsi pour évacuer les matières fécales des chèvres sans intervention humaine. J’étais donc curieux de voir comment elle fonctionnait.

Lorsque nous sommes arrivés à la chevrerie, un technicien a ouvert la porte. Je ne sais plus très bien si c’était pour nous permettre d’y accéder ou pour l’aérer. Toujours est-il que les chèvres ne se sont pas fait prier pour prendre le large. Dans une cohue digne des plus grandes évasions de l’histoire de l’univers carcéral, elles se sont ruées vers la sortie. Elles n’avaient que faire de notre visite. Nous nous sommes retrouvés avec une chevrerie sans chèvres.

J’ai vraiment été impressionné par la soif de liberté des chèvres. Et elles sont allées le plus loin possible.

J’ai soudain eu le sentiment que nous étions des tortionnaires.

Mais, surtout, j’ai réalisé, avec plus d’acuité que d’habitude, qu’à quelques exceptions près, la liberté était inscrite dans l’ADN de n’importe quel être vivant.

Et ce n’est pas tant le désir de liberté des chèvres qui est le clou de mon récit que l’intensité, voire la violence, d’une telle pulsion.

Avec le recul, je me demande bien pourquoi le mot liberté ne figure pas sur la devise de notre pays.

Je suis sûr que si les chèvres de la RFO étaient au pouvoir, elles remplaceraient le mot « paix » ou « travail » par liberté.

Vive le parti des chèvres !!

Richard Tshombe. (Analyste indépendant.)