Jean-Dieudonné alias » Nino Malapet » : 77 ans de virtuosité effrénée entre les deux rives du fleuve Congo.
Inoubliables artistes d’hier, oubliés aujourd’hui !
Né à Brazzaville le 8 Mars 1935 et décédé le 29 janvier 2012, c’est un véritable Pilier de la musique congolaise, avec une carrière qui a duré plus de cinquante ans.
Nino Malapet est un des noms incontestables de la rumba et de la salsa. Son œuvre, d’environ une centaine de compositions, est l’une des plus belles de l’histoire de la musique congolaise et nombre de ses morceaux dans « Atomic Jazz » (1954), « Negro Jazz » (1954-1956), OK Jazz (Déc.1956 – Janv.1957), Rock-A-Mambo (1957-1961) et Les Bantous (1961-2012) sont considérés aujourd’hui comme des standards incontournables.

virtuose du saxo
1954, Nino Malapet, alors guitariste participe avec Joseph Kabasele » Grand kale » ( son mentor), Edo Ganga et Bienvenu Beniamino à l’enregistrement aux Editions « Ngoma » à Léopoldville de deux disques dont deux compositions de Nino Malapet « Wapi Gigi » et « Vivita ». C’est cet embryon du groupe de Joseph Kabasele dénommé « Atomic Jazz », qui donne naissance au cours de la même année à l’orchestre Negro Jazz de Brazzaville.
1955, de la guitare, Nino Malapet embauche déjà le saxophone dans le style des grands. En 1956, c’est au tour des Editions « Loningisa » de faire appel à ses talents. Il accompagne plusieurs orchestres en studio en compagnie du saxophoniste français Henriot, particulièrement les groupes Watam, Lopadi et l’OK Jazz dont il est le premier saxophoniste en Décembre 1956. On lui doit des partitions inédites dans les titres comme « Aimé wa Bolingo » d’Edo Ganga, « Oyé oyé oyé » de Luambo Franco et bien d’autres. Mais c’est surtout dans l’orchestre Rock’A-Mambo, aux éditions « Esengo » que Nino Malapet va accorder au saxo le rôle primordial.

1957, Nino Malapet démissionne des Editions « Loningisa » et de l’OK Jazz, au moment où se disloque le Negro Jazz. Après quelques semaines Il retrouve ses vieilles connaissances : Essous – Lando « Rossignol » – Saturnin Pandi – Henri Bowane – Tshilumba Tino Baroza – Augustin Moniania « Roitelet » – Léon Nzambe « Sathan »… qui ont réussi à former aux nouvelles éditions « Esengo » du grec Dino Antonopoulos, un orchestre dont le succès va grandissant : Le Rock’A-Mambo.- Nino Malapet en devient facilement le chef d’orchestre.

Comblant ainsi ses vœux, il insuffle à cette nouvelle formation musicale un sang nouveau. Comme en témoignent des titres à succès comme « Jalousie », « Panchita », « Micky mi quiero », « Mi cancion » « Tocami », Li duo Maravillas », etc. arrangés par Nino Malapet et rendus merveilleusement par le duo chant Joseph Kabaselle et Lando « Rossignol »
Nino Malapet, il faut le reconnaître était passé maître dans l’art de composer les cha cha cha, et bien sûr de faire monter la tension. Avant tout, c’est donc le stratège qu’on apprécie en lui.
Le Rock’A-Mambo fournissait une musique agréable, pour ne pas dire « swinguantes » dans laquelle on s’installe aisément en piste et l’on se plait à danser sans fin. Cohérence et cohésion tel était le point fort du Rock’A-Mambo dont chacune des ses apparitions était pour son chef Nino Malapet l’occasion d’une démonstration de son savoir faire au saxo et dans les arrangements.
1959 – Inspirateur du retour au bercail des musiciens brazzavillois évoluant à Léopoldville (Kinshasa) , Nino Malapet, hélas ! Sera absent le 15 Août 1959 à Brazzaville lors de la première sortie de l’orchestre Bantou « Chez Faignond ». Il opte pour la continuation avec l’Orchestre Rock’A-Mambo.

Avec Nedule « Papa Noël » comme l’un des plus intéressants guitaristes soliste de sa génération et Lando « Rossignol » comme chanteur remarquable, Nino Malapet a su combiner intelligemment les influences des partants (Essous-Pandi) pour se créer un style un peu versatile mais avec plus de complexité rythmique et harmonique.
1961, le Rock’A-Mambo de Nino Malapet s’éclate à Pointe-Noire. Resté seul, Nino Malapet rejoint Brazzaville où il s’inscrit au Centre d’Enseignement Supérieur. Il prend les cours de droit, ça mort, mais pas pour longtemps, car obsédé par la musique, il rejoint Les Bantous et son alter ego Jean-serge Essous. Tous les deux interprètent avec un grand sentiment d’amour et au désir de transmettre aux mélomanes les plus sensibles une saga de grande portée culturelle, afin de garder la flamme qui allait désormais se perpétuer au Congo et dans le monde.
1966, du 1° au 24 Avril 1966, Nino Malapet et Les Bantous ont l’honneur de représenter la musique congolaise au 1° Festival Mondial des Arts Nègres à Dakar, et à l’issu duquel Jean-Serge Essous, alors chef d’orchestre choisi le chemin de l’exil. Nino Malapet reprend la direction de l’orchestre. Le retour de Jean Serge Essous en 1971 ne change rien. Nino Malapet conduit l’orchestre en collaboration étroite avec son alter ego Jean-Serge Essous.

A partir de 1999 et surtout après la crise qu’à connu Les Bantous après la guerre civile de 1997, Nino Malapet va peu à peu connaître un certain déclin. Sa santé chancelle, ses médecins lui interdissent de souffler de son instrument, suivi d’une cure de santé à Libreville au Gabon. Néanmoins, il a continué à diriger le groupe jusqu’après la disparition de Jean serge Essous le 25 Novembre 2009.
L’aspect fondamental que les virtuoses du saxo Dieudonné Nino Malapet et Jean-Serge Essous ont su donner les moyens d’agir, les dernières années avant leur mort, était la capacité de projection à se développer dans la formation et la promotion des jeunes talents pour une mutation coordonnée.
Honneur à vous, inoubliables artistes d’hier, oubliés aujourd’hui !
( tiré des Archives).
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