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GRANDES FIGURES DE L’HISTOIRE ET DU PATRIMOINE CULTUREL DE LA RDC.

GRANDES FIGURES DE L’HISTOIRE ET DU PATRIMOINE CULTUREL DE LA RDC.

Justice et Histoire.

Evariste Léon Kimba Mutombo : Un destin marqué par un mauvais sort.

Evariste Kimba Mutombo, dernier Premier Ministre du dernier Gouvernement du président Joseph Kasa vubu, fut né le 16 juillet 1926, dans la cité lacustre de Bukama, actuellement située dans la province du Haut Lomami.
Evariste Kimba Mutombo figure parmi les fameux pendus de la Pentecôte au pont Cabu dit pont Gaby, sur le site de l’actuel Stade des Martyrs qui l’ immortalise avec les autres victimes d’une des plus célèbres purges du jeune président Joseph-désiré Mobutu.
Kimba n’avait que 39 ans.


Un peu plus avant, il avait été nommé, malgré lui, premier ministre en remplacement de Moïse Tshombe, premier ministre qui était en désaccord avec le président Joseph Kasa vubu. Cette crise de deux chefs, celui de la nation et celui du gouvernement, avait plongé le pays dans une crise majeure qui paralysait tout. Le théâtre des évènements rapporte que la révocation de Moïse Tshombe Kapend’, par le président Joseph Kasa vubu, intervint pendant que se déroulait, au Palais de la Nation, la séance d’ouverture de la première session ordinaire du Parlement. Joseph Kasa vubu qui prononçait son discours de circonstance annonça, instantanément, cette révocation inattendue. Moïse Tshombe qui était présent à la tribune de l’hémicycle, tomba des nues en entendant brusquement sa démission forcée. Seule une gifle surprise aurait fait cet effet.
Imaginez la carte jouée par Kasa vubu qui remplaçait un Katangais du sud, Tshombe ( Ruund’) par un Katangais du nord, Kimba ( Mukubwa). C’était une manœuvre astucieuse mais, un véritable germe de la division tribale à plusieurs niveaux. L’antagonisme socioculturel, en les provinces du Congo-Kinshasa, ne date pas d’aujourd’hui ! Les politiciens ont toujours tiré sur cette ficelle qui réanime des fibres séparatistes d’une intolérance virulente et très violente. Le pire, dans ce tour du président Kasa vubu, est que Evariste Kimba Mutombo, dans un autre contexte politique, avait été le ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Moïse Tshombe Kapend’ lors de la sécession du Katanga. Kimba et Tshombe étaient en froid depuis que Kimba avait fait défection de la sécession katangaise pour rejoindre le gouvernement central de Léopoldville.
Les conséquences de l’éviction de Moïse Tshombe devint comme la boîte de Pandore que Joseph Kasa vubu ne devait pas ouvrir pour éviter le déclenchement des multiples conséquences, plus tard, comme son propre départ.
Le 28 octobre de la même année, soit un mois avant le coup de force de Mobutu ( le 24 novembre 1965), Evariste Kimba Mutombo va former son gouvernement sans attribuer le moindre poste à un partisan ou proche de Tshombe. Victor Nendaka Kabika était au ministère de l’intérieur et Cleophas Kamitatu Massamba,aux affaires étrangères, pour ne citer que ces célèbres acteurs politiques.
Au lendemain, Kasa vubu et Son nouveau premier ministre, Kimba, s’envoleront pour un sommet de l’OUA qui se tenait au Ghana, pays de l’illustre Nkwame Nkrumah. A leur retour, ils trouveront une motion de défiance qui blâmait le président de la république pour avoir  » irrégulièrement révoqué le chef du gouvernement pour destituer indûment toute son équipe ». Par conséquent, le Parlement exigea du gouvernement Kimba de se présenter, sans délai, devant les deux chambres en congrès, pour un vote d’investiture.

Coup de théâtre !

L’ investiture du gouvernement de Kimba Mutombo Evariste fut rejetée au cours du Congrès convoqué le 14 novembre 1965.
Déterminé d’exercer son pouvoir discrétionnaire, le président, Joseph Kasa vubu, imposa son choix, en maintenant à la Primature, Evariste Kimba comme Premier Ministre du gouvernement, dans une ordonnance signée le lendemain 15 novembre 1965, quelques heures seulement après son rejet par le Parlement.
La tension au pays était à son comble.
Le Parlement étant acquis à Moïse Tshombe qui avait obtenu, avec son regroupement, la CONACO, la Majorité parlementaire lors des dernières élections législatives, devint le ring du bras de fer entre Kasa vubu face à cette majorité inféodée à Tshombe.

Comme on le constate, le ver qui était dans le fruit agit. Le général Mobutu, revint, tel qu’il avait procédé lors de la crise entre Patrice Emery Lumumba, Premier Ministre, et le même Joseph Kasa vubu, alors toujours président,en 1960, pour convoquer tout le Haut-Commandement de l’Armée Nationale Congolaise,( ANC), avec lequel il mit au point l’architecture de son coup d’état du 24 novembre 1965. Ce plan de coup monté par le jeune général Joseph-désiré Mobutu eût pour prêtexte de célébrer le 24 novembre, la commémoration du 1er anniversaire de la reprise de Stanleyville, (Kisangani), aux rebelles du chef de guerre, Christophe Gbenye, compagnon de Lumumba, Laurent-désiré Kabila, Antoine Gizenga, en novembre 1964.
Mobutu avait réuni toutes les épaules galonnées de l’ANC, sous la distraction et les querelles intestines des politiciens. Et c’est ainsi qu’il démit Joseph Kasa vubu et, dans la suite des actions pour asseoir définitivement son pouvoir tout neuf, il procéda à plusieurs arrestations et interpellations arbitraires voilées par la théorie des complots ourdis contre lui. Les plus emblématiques des victimes furent les 4 Pendus de la Pentecôte, le 1er juin 1966, au terrain de Pont Cabu dit Pont Gaby, 3 ministres et 1 sénateur, à savoir :Evariste Kimba Mutombo, Jérôme Anany, Alexandre Mahamba et Emmanuel Bamba.
Quant aux réels motifs de leur condamnation, ça, c’est une autre histoire.

La rédaction. ( Tiré des Archives nationales).

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