Entrepreneuriat congolais: André Mutambayi dit  » André Motors », le roi des premiers Fula- Fila kinois.

Patrimoine historique national.

Entrepreneuriat congolais: André Mutambayi dit  » André Motors », le roi des premiers Fula- Fila kinois.

Très peu de gens, aujourd’hui, à Kinshasa, connaissent vraiment l’origine de certains mots et appellations tombés dans le langage du jargon typiquement kinois. « Fula-Fula », qui désigne les bus de transport en commun correspond, en réalité, à un individu, zaïrois et que l’on doit considérer comme le plus dynamique des entrepreneurs dans les transports en commun du pays, de tous les temps : 𝗔𝗻𝗱𝗿é 𝗠𝘂𝘁𝗮𝗺𝗯𝗮𝘆𝗶 dit  » André Motors », premier propriétaire d’un charroi automobile destiné aux transports en commun des privés dans la capitale, à l’époque de « Kin la belle ».

André Mutambayi, Kasaïen d’origine, commença sa carrière comme simple mécanicien dans un garage à Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï Oriental. Déjà, tout jeune, il décidera de quitter sa province natale pour s’installer à Lunda, en Angola, où il deviendra transporteur de marchandises pour un commerçant portugais ayant des magasins au Kasaï.
Après plusieurs années de travail pour son employeur portugais, André Mutambayi décide de retourner dans sa province d’origine pour se lancer en affaires. Il commence par vendre des pièces détachées automobiles, utilisant l’argent issu de son travail et d’une vente de diamants à Mbuji-Mayi.
Par la suite, il quitte le Kasaï pour étendre ses activités commerciales à Kinshasa, la capitale congolaise.
À l’époque, les besoins en moyens de transport étaient de plus en plus pressants pour la population, car il n’existait pas encore beaucoup de sociétés de transport urbain privées dotées de bus permettant aux gens de se déplacer en masse dans toute la ville.

André Mutambayi saisit cette opportunité et crée sa propre société privée, André Motors. Il signe un contrat avec Mercedes pour l’approvisionnement en bus, notamment une centaine de bus Mercedes, ainsi que des bus Toyota. Ces bus, fabriqués au Zaïre, sont surnommés « Fula Fula » ou encore « NGOMBOL ».

En 1971, le président Mobutu annonce le « recours à l’authenticité », renommant le pays « République du Zaïre ». Plusieurs sociétés privées, dont l’entreprise d’André Motors, sont également rebaptisées. Ainsi, André Motors devient Auto Service Zaïre (ASZ).
Le parc de véhicules d’Auto Services Zaïre est principalement composé de « fula-fula », ces fameux minibus qui sillonnent les rues de Kinshasa. Ces véhicules emblématiques ont longtemps servi la ville.
Grâce à des contrats avec le fabricant de véhicules Mercedes, Auto Services Zaïre devient un acteur majeur dans le domaine du transport.
André Mutambayi doit faire face à une concurrence croissante dans le secteur du transport.

Sa société se spécialise dans le transport des particuliers, notamment avec les « Fula-Fula », ces transports collectifs très populaires qui rivalisent avec les autres compagnies telles que OTCZ, City Train ou Sotraz.
Bon gestionnaire, André Motors mettra en exécution, en ancien garagiste mécanicien qu’il était, des mécanismes techniques efficaces pour assurer le bon fonctionnement de son entreprise automobile, malgré la complexité de la gestion d’une flotte de véhicules, de chauffeurs et de receveurs comme pour l’entretien et la maintenance. Notamment, il développera un atelier mécanique qui était le seul à concurrencer Chanimetal. Cet atelier était plus spécialisé dans la rectification des vilebrequins des différents véhicules et l’alesage des différents blocs-moteurs. On pouvait compter un charroi en centaines marqué du patronyme de l’entreprise qui exploitait plus des Mercedes et autres marques japonaises.

Homme très entreprenant, au-delà du transport en commun, André Mutambayi diversifie ses activités en créant une société de vidange de fosses septiques.
Son esprit visionnaire lui permet de prospérer dans différents secteurs tout en restant fidèle à ses racines.
Son histoire nous enseigne que n’importe qui peut partir de rien, comme André Mutambayi et bâtir un empire commercial localement, chose qui manque aujourd’hui.
Au lieu de voler les ressources du pays pour s’offrir des palais à l’étranger, palais que les impôts finissent par saisir, c’est possible d’investir et de réussir en son pays avec la vision, la volonté et la persévérance.

Condensé des archives nationales congolaises.

La rédaction.