RDC : Matière grise ou matières premières ?
Dans les années 80, j’entendais souvent le Maréchal Mobutu vanter le potentiel minier de la RDC.

Chaque fois qu’il rencontrait des investisseurs, ou leurs représentants, il s’étendait sur la panoplie de ressources naturelles dont regorgeait notre pays. Nous étions prisonniers de ce que j’appelerais « le complexe de Shinkolobwe¹. »

Il y a quelques années, j’ai entendu le président Tshisekedi faire un exposé sur le potentiel minier de la RDC. Le souvenir du Maréchal Mobutu faisant la tournée des capitales occidentales pour « vendre » nos ressources minières m’est revenu à l’esprit. Le président Tshisekedi y a ajouté que le Congo était un pays solution². Et, de nouveau, cette affirmation reposait sur l’apport de nos ressources naturelles au développement du Congo et du reste du monde.

Quand j’ai lu que la première Ministre de la RDC avait l’ambition de changer le monde grace à nos tourbillères et, de façon générale, grace à nos forêts et à notre biodiversité j’ai compris que le complexe de Shinkolobwe avait la peau dure.

On ne change pas le monde avec ses ressources naturelles. On le change avec sa matière grise. Le facteur X c’est la ressource humaine. Il y a trois facteurs de développement : les ressources, le nombre et l’organisation. De ces trois facteurs, le plus important c’est l’organisation. C’est le facteur qui, par excellence, sollicite notre matière grise. Hélas, on n’entend jamais nos dirigeants parler de ce que la RDC a à offrir en termes de capacités institutionnelles et de compétences humaines.

Où en est la RDC sur le plan de la recherche scientifique, quelle soit fondamentale ou appliquée ? Comment organise-t-elle le rayonnement de ses universités et de ses centres de recherche ? Ensuite, pour changer le monde il faut être souverain. Plus de 90% des financements qui sont affectés au secteur du développement durable viennent de l’extérieur. Sans l’apport des ONG et de certaines institutions internationales, la RDC ne serait pas capable de présenter des projets bancables.

Combien de biologistes, de démographes, de sociologues, d’anthropologues, de juristes environnementaux, d’économistes environnementaux, de planificateurs, de cartographes ou de spécialistes des questions climatiques la RDC a-t-elle formés pour prétendre changer le monde ? Où sont-ils ? Sur quels sujets travaillent-ils ? Qu’avons-nous inventé ou découvert au cours des 30 dernières années ?

¹Shinkolobwe: l’uranium qui a servi à la fabrication des bombes atomiques larguées sur le Japon en 1945 venait de Shinkolobwe. Les Congolais considèrent que c’est leur uranium qui a sauvé le monde.
A La COP 21 de 2021 à Paris.
Olympus médias. R.T.
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