L’Afrique et ses descendants face aux défis de la modernité: une réflexion géopolitique sur les priorités économiques de l’ère.
Afrique.
Le monde contemporain se divise subtilement entre des trajectoires distinctes, façonnées par des choix culturels, économiques et technologiques.

Alors que l’Asie, l’Europe, l’Océanie et une grande partie des Amériques embrassent la révolution numérique, investissent dans les sciences, explorent les frontières de l’intelligence artificielle et multiplient les avancées dans les énergies renouvelables et la robotique, l’Afrique et ses descendants, eux, semblent s’enraciner dans des traditions culturelles et artistiques parfois déconnectées des exigences du XXIe siècle.

La danse, la musique et la comédie, bien qu’elles soient des expressions essentielles d’une identité riche et vibrante, deviennent insuffisantes face à l’urgence d’un monde dominé par la compétitivité technologique.

Ce fossé croissant entre les priorités des continents appelle à une profonde introspection : comment les sociétés afrodescendantes peuvent-elles naviguer entre leur patrimoine culturel et les impératifs modernes pour redéfinir leur place sur l’échiquier géopolitique mondial?

Cette divergence des priorités a des conséquences tangibles sur la dynamique globale. Tandis que les nations qui misent sur la science et la technologie récoltent les fruits d’une prospérité croissante, celles qui mettent davantage l’accent sur les manifestations culturelles restent souvent à la traîne.

L’Afrique et les afrodescendants, malgré leur immense potentiel humain et naturel, peinent à transformer leurs ressources en leviers de croissance durable. Ce retard se traduit par des crises sociopolitiques et économiques récurrentes, des taux élevés de chômage chez les jeunes et une dépendance chronique à l’aide extérieure.

Ces réalités alimentent un exode massif vers les pays industrialisés, où les afrodescendants se heurtent souvent à des barrières systémiques, renforçant ainsi les tensions sociales et économiques.

Cependant, attribuer ce retard uniquement à l’histoire coloniale ou à l’ingérence occidentale, bien que partiellement juste, ne suffit pas à expliquer l’ensemble du problème. L’ingérence étrangère existe, sous forme d’accords commerciaux inéquitables, de mainmise sur les ressources naturelles et de politiques néocoloniales. Mais les sociétés africaines et afrodescendantes doivent également reconnaître leur responsabilité dans ce statu quo.

Un changement de paradigme s’impose, où la priorité serait donnée à l’éducation, à l’innovation et à l’autonomie économique. Les excuses historiques ne doivent plus servir de prétexte à l’inaction, car les opportunités pour briser ce cycle existent bel et bien.

La solution repose sur une stratégie audacieuse et tournée vers l’avenir, axée sur les piliers essentiels du développement. L’agriculture modernisée, par exemple, pourrait transformer les pays africains et afrodescendants dans greniers mondiaux capables de répondre à ses propres besoins alimentaires tout en exportant des produits de haute valeur ajoutée.

En parallèle, la formation des jeunes aux sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STEM) est cruciale pour leur permettre d’intégrer un monde de plus en plus technologique. Les afrodescendants doivent investir massivement dans les infrastructures éducatives et dans la recherche, afin de construire des sociétés compétitives sur le long terme.

L’éducation, moteur incontestable de toute transformation sociale et économique, doit également être repensée. Les systèmes éducatifs africains, hérités de l’époque coloniale, restent trop souvent ancrés dans des schémas obsolètes. Il est impératif de développer des programmes adaptés aux besoins du monde contemporain, en mettant l’accent sur les compétences pratiques, l’entrepreneuriat et les nouvelles technologies.

Les jeunes générations doivent être encouragées à rêver au-delà des limites imposées, à innover et à participer activement à la construction d’un avenir prospère pour leur continent et leur diaspora.

Le rôle de la diaspora dans cette transformation ne saurait être ignoré. Composée de millions de personnes dispersées à travers le monde, elle constitue une source inestimable de savoir-faire, de ressources financières et de réseaux.

En établissant des partenariats stratégiques entre les communautés locales et la diaspora, il est possible de créer des ponts pour transférer les compétences, stimuler les investissements et accélérer le développement des économies africaines. La diaspora peut devenir un moteur clé de changement, à condition qu’elle soit intégrée dans une vision commune et concertée.

Pourtant, ce virage vers la modernité ne doit pas se faire au détriment de l’identité culturelle africaine. La danse, la musique, la comédie et d’autres formes d’art sont des trésors qui doivent être valorisés et exportés à l’échelle mondiale.

Toutefois, la culture doit s’accompagner d’une stratégie économique et technologique ambitieuse. Il ne suffit pas de briller dans le domaine artistique si, dans le même temps, les besoins fondamentaux des populations ne sont pas satisfaits. La culture peut devenir un levier économique puissant, mais elle ne doit pas être la seule priorité.

La danse, la musique et le théâtre, en eux-mêmes, ne constituent pas un problème. Ils représentent des formes d’expression culturelle essentielles, des outils de diplomatie douce et des vecteurs puissants d’influence culturelle mondiale. L’Afrique et ses descendants ont, grâce à ces disciplines, réussi à imposer une identité forte et singulière dans l’imaginaire collectif global. Cependant, le problème survient lorsque ces disciplines artistiques deviennent une priorité quasi-exclusive, reléguant au second plan les secteurs stratégiques capables de garantir une véritable souveraineté économique, scientifique et technologique. Dans un monde dominé par des enjeux géopolitiques complexes, où la compétitivité se mesure en termes d’innovation et de maîtrise des ressources, les sociétés afrodescendantes ne peuvent plus se permettre de consacrer leurs efforts principalement à des domaines qui, bien que vitaux pour l’âme, restent périphériques pour le pouvoir économique et politique.

Les grandes puissances mondiales, qu’elles soient en Asie, en Amérique ou en Europe, n’ont jamais mis l’art au centre de leurs stratégies de développement. Si elles valorisent leurs patrimoines culturels, c’est parce qu’elles s’appuient sur des bases économiques et technologiques solides, capables de soutenir ces initiatives. Par exemple, la Chine investit massivement dans l’intelligence artificielle, les énergies renouvelables et la conquête spatiale tout en exportant son cinéma et sa musique comme outils d’influence.

L’Occident utilise Hollywood, mais sur des fondations technologiques et militaires qui garantissent sa domination mondiale. En revanche, les sociétés africaines et afrodescendantes, en concentrant une grande partie de leur énergie sur les arts et la culture, laissent un vide stratégique dans les domaines critiques qui façonnent la puissance des nations.

Les Etats africains et afrodescendants doivent comprendre que la promotion de la danse, de la musique et du théâtre, si elle est isolée des efforts pour maîtriser les sciences, les nouvelles technologies et les infrastructures économiques, ne fait que renforcer un déséquilibre géopolitique. Ces formes d’art, aussi riches soient-elles, ne produiront jamais les outils nécessaires pour rivaliser avec les grandes économies mondiales. Elles ne garantiront pas la souveraineté numérique, la sécurité alimentaire ou l’autosuffisance énergétique.

Les sociétés afrodescendantes doivent donc repositionner leurs priorités: les arts ne doivent pas être abandonnés, mais ils doivent s’intégrer dans une vision stratégique où la maîtrise des technologies et des ressources naturelles devient le socle de leur influence globale. Faute de quoi, elles continueront d’alimenter un cercle vicieux de dépendance économique et de marginalisation géopolitique.

En fin de compte, la quête d’autosuffisance technologique et économique est essentielle. Les nations africaines et afrodescendantes doivent cesser d’être de simples consommatrices de technologies étrangères pour devenir des productrices actives. Cela exige des investissements dans la recherche et le développement, ainsi que des politiques publiques favorisant l’innovation locale.

Ces pays pourraient également s’inspirer des modèles de développement d’autres nations émergentes du continent ou dans d’autres régions du monde, comme le Rwanda et le Brésil qui ont démontré qu’une gouvernance efficace et une vision stratégique peuvent transformer un pays en quelques décennies.

Les ressources naturelles de l’Afrique et celles des nations afrodescendantes, bien que vastes, ne suffiront pas à garantir une prospérité durable sans une gestion équitable et responsable. Les élites politiques et économiques doivent mettre en place des mécanismes de transformation transparents pour s’assurer que ces richesses profitent à l’ensemble des populations. Le contrôle des infrastructures clés, comme les ports, les chemins de fer et les réseaux de télécommunications, est crucial pour bâtir une souveraineté économique et réduire la dépendance vis-à-vis de l’étranger.

Mais au-delà des politiques économiques, il s’agit aussi d’opérer une véritable révolution des mentalités. Les pays africains et afrodescendants doivent abandonner les complexes hérités de leur histoire et adopter une vision proactive, ambitieuse et tournée vers l’avenir. Ce changement passe par une prise de conscience collective des opportunités qui s’offrent à eux et par une détermination à les saisir.

Pour finir, nous disons que l’Afrique et ses descendants se trouvent à une croisée des chemins. Le choix est clair: s’enraciner dans les traditions tout en adoptant les outils du monde moderne, ou risquer de rester à la marge de l’histoire contemporaine.

Le temps est venu de transcender les obstacles historiques, de redéfinir les priorités et de construire un avenir où les sociétés africaines et afrodescendantes, avec leur diaspora, joue un rôle central dans la marche du monde.

La modernité n’attend personne; il revient aux afrodescendants de décider s’ils souhaitent en être les spectateurs ou les acteurs.
De notre correspondant à l’étranger.
Yacine.( Pour Olympus médias RDC).
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