Jeu des dupes ou de façade diplomatique: Le Rwanda et la RDC peuvent-ils sceller vraiment un accord d’intégration économique?

Dans une ambiance froide, le vendredi 7 novembre 2025 dernier, date morte pour l’histoire de la RDC, des représentants de la RDC et du Rwanda, deux pays en guerre larvée et quasi totale, ont paraphé un accord économique. Est-ce de bonne volonté ou c’est sur la pression des grandes puissances dont, particulièrement, les USA ?

Ce texte dit du  » Cadre régional d’intégration économique  » (REIF), devra être mis en œuvre suivant un mode qui reste à définir. Comme qui dirait, son exécution attendra d’autres concertations pour son opérationnalisation dans un concept dénommé (Conops) tel que les théoriciens admirent multiplier les termes pompeux et impressionnants.

Mr Massad Boulos, l’entremetteur américain pour cet accord, accord qui n’a suscité, jusque là, aucun enthousiasme en RDC, peut-être au Rwanda, l’a qualifié d’une avancée majeure.

On se pose la question : A quel titre ?

Entre la RDC qui jouit d’un potentiel économique important et le Rwanda qui triche en le pillant depuis 30 ans, où est l’intérêt, sinon de légitimer cette prédation économique sur la place publique car, il n’y a pas d’urgence pour la RDC de regarder ou considérer le Rwanda comme un éventuel allié ou partenaire économique, cela, au regard de tous les fâcheux précédents qu’il a fait et fait subir à la RDC. Tout le monde sait que pour le Rwanda, les richesses de la RDC constituent l’unique but recherché. Si ce n’est pas une énième distraction, en tout cas c’est un accord inutile pour les congolais.

Massad Boulos s’est réjoui en ces termes :

« Dans le cadre d’un progrès significatif, la RDC et le Rwanda ont paraphé aujourd’hui le texte du Cadre régional d’intégration économique, sous la supervision du sous-secrétaire Hooker. Le REIF identifie les domaines clés pour renforcer la coopération économique et le développement entre les deux nations. Cet accord illustre les bénéfices concrets de la paix, tout en ouvrant des perspectives d’investissement et de croissance au profit direct des populations de la région. Sa mise en œuvre demeure conditionnée par la réussite du concept d’opérations et de l’ordre opérationnel prévus par l’accord de paix, confirmant le lien indissociable entre stabilité, paix et progrès économique. »

Il est clair qu’il n’en sortira rien de substantiellement profitable pour les populations locales congolaises vu que les visées hégémoniques du voisin rwandais sont aussi culturelles, ethno-tribales et spatio-temporelles. Pour le décrire en des termes terre-à-terre, les sédentaires et les nomades n’ont pas la même vision des choses lorsqu’il s’agit d’occupation spatiale et d’intérêt vital.

Pour les témoins de cet accord, non-événement en RDC et pour la plupart des autres pays des Grands lacs, il y a eu des représentants de la RDC, du Rwanda ainsi que ceux des États-Unis, du Qatar, du Togo, en qualité de médiateur de l’Union africaine, et de la Commission de l’Union africaine. Tout ce gratin a participé à cette réception pour le bien-fondé des américains qui n’ont pas la vraie mesure du conflit rwando-congolais. Ils se sont réunis le vendredi 7 novembre 2025 à Washington pour la quatrième fois et conclure par cette réunion dite du  » Comité mixte de suivi de l’accord de paix de Washington ». Cela consistait à évaluer la mise en œuvre de l’accord signé le 27 juin dernier.

A cette occasion, les représentants de la RDC et du Rwanda ont paraphé le texte intégral du Cadre régional d’intégration économique (CRIE), sous la supervision de la sous-secrétaire d’État Hooker et du conseiller principal Boulos. Kinshasa l’avait pourtant refusé il y a un mois exigeant le retrait de 90 % des troupes rwandaises de la RDC!!!

Comment est-ce possible qu’il devienne aujourd’hui, présenté comme une avancée significative?! Jeu des dupes de la diplomatie. Encore qu’il faut attendre que sa mise en œuvre, subordonnée à l’exécution satisfaisante du Concept d’opérations (CONOPS) et de l’Ordre opérationnel (OPORD) prévus par l’Accord de paix, se déroule dans la méfiance permanente des parties en cause !

La paix, la stabilité et le progrès économique de la région des Grands lacs dépendent-ils essentiellement d’une entente avec le Rwanda ? A qui profite-t-il le plus, cet accord lorsque les rebelles du M23 sont aussi satisfaits ?!

Tout scepticisme avoué, on attend de voir comment la médiation américaine et les autres témoins vont parvenir à accélérer la mise en œuvre de cet accord amer et contre nature entre deux pays engagés dans une confrontation qui va au-delà des frontières de la politique régionale.

Olympus médias RDC.