Femmes rurales en RDC: Une précieuse filière négligée par l’État.
Agriculture et économie rurale.
Femmes rurales en RDC: Une précieuse filière négligée par l’État.
La communauté internationale a célébré, tout récemment, le 15 octobre, la journée internationale des Femmes rurales.

Sous le thème de: « Les femmes rurales soutiennent la nature pour notre avenir collectif : Renforcer la résilience climatique, conserver la biodiversité et prendre soin de la terre en vue d’atteindre l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles », rien n’est plus clair que cet énoncé qui parle de lui-même sur le rôle crucial de cette catégorie des ouvrières de la terre.

Les femmes rurales sont connectées directement à la nature qu’elles cotoyent toute l’année. En Afrique, du Maghreb au cap, loin du contexte de l’égalité des sexes, les femmes rurales du continent oeuvrent pour leur autonomisation. Pour la dimension planétaire, elles assument, par leur production globale, la moitié de la production alimentaire mondiale. C’est dire que sans elles, plusieurs centres urbains manqueront de quoi se nourrir au quotidien. Ce sont ces travailleuses des terres arables qui pratiquent une agriculture durable et en harmonie avec la nature car, elles s’appliquent à respecter les cycles saisonniers et exploitent des techniques rudimentaires pour gérer les sols qui se régénèrent automatiquement.

Cette façon autochtone des femmes rurales d’exploiter la nature rencontre, sans rompre ou déranger la symbiose qui existe entre l’écologie et l’environnement, l’ordre climatique de la nature.

Elles apparaissent, en quelque sorte, comme les gardiennes de l’environnement et de la biodiversité mondiale. Adaptées aux changements climatiques, leurs productions respectent les saisons de culture, cycles au cours desquels, la nature profite de ces sequencements agricoles pour se restaurer dans le reboisement des forêts, le ressourcement des sols avec la jachère des espaces champêtres à l’échelle de leurs communautés respectives, contrairement à l’industrialisation agricole, boostée par de nouvelles technologies, qui épuise la nature et provoque, aujourd’hui, la dégradation de la climatologie planétaire.

Si les cultures autochtones ont été à l’avant-garde de la conservation de l’environnement en apportant des connaissances et des pratiques ancestrales inestimables, ce sont bien les femmes rurales qui pilotent cette tradition notable sans l’appui nécessaire de leurs Etats.
Il conviendrait que cette filière agricole connue pour son dynamisme dans l’alimentation des centres urbains, soit soutenue et pérennisée pour les générations futures qui n’ont plus de repères sur la nature en tant que telle.

La prolifération des aliments et autres produits génétiquement modifiés dans des laboratoires, qui sont l’apanage de la consommation de grandes surfaces, ne contribue pas du tout à connecter les gens aux bienfaits des ressources originaires de la terre. Pour dire, à cette allure, il n’y aura plus d’aliments bio-naturels dans les assiettes de nos enfants dans moins de 50 ans. Ce qui est grave pour la santé de l’espèce humaine et suicidaire pour les perspectives de l’humanité.

L’urgence de lutter contre la crise climatique et la nécessité d’agir pour le bien de cette génération et des générations futures, s’allient d’office pour sauver, d’une part, l’environnement de la planète menacée par les changements climatiques et, d’autre part, conscientiser et discipliner les populations sur le retour de la naturalisation de l’alimentation pour garantir la santé humaine.

L’exemple le plus favorable à cette reprise des consciences à la conscience originaire sur les droits et devoirs de la terre, dans sa flore et sa faune, est représenté par le comportement des femmes rurales qui évoluent avec les cycles de la nature. Là où elles respectent les temps des cultures et leurs saisons, l’industrialisation impose son rythme effréné en associant ces substances chimiques aggravantes pour la régénération de cette nature qui vit, se fatigue, pourvoit suivant des ressources périodiques, se rebelle face dumping des semences et autres dénaturations.

En République démocratique du Congo, notre pays, c’est sans aucun doute conscient de ces défis pour l’Homme en faveur de la Nature, que le ministre de l’Agriculture et Sécurité alimentaire, Grégoire Mutshail’, a informé que le gouvernement central aller procéder au lancement de la campagne agricole sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo, cela, pendant trente jours.

« Pendant 30 jours, soit du 15 octobre au 15 novembre 2024, cette campagne agricole se déroulera à travers des caravanes de sensibilisation qui seront organisées sur toute l’étendue de la République, afin d’expliquer le programme de relance des filières agricoles, visant l’amélioration de la productivité des exploitations agricoles »
Grégoire Mutshail’, ministre de l’Agriculture et sécurité alimentaire.

Espérons qu’il ne s’agit pas de simples effets d’annonce pour distraire l’opinion publique sinon, pour que ce programme réussisse, le ministre en charge de l’Agriculture et sécurité alimentaire doit s’appuyer sur l’accompagnement des filières agricoles paysanes qui existent depuis des décennies.

Cet accompagnement du gouvernement central pour la campagne actuelle, devra servir à améliorer les conditions matérielles des acteurs et actrices de toutes les filières agricoles paysanes du pays en subventions financières et fournitures en intrants, semences, engrais chimiques et matériels aratoires. Une concurrence déloyale avec des producteurs étrangers est en cours et asphyxie la production agricole rurale locale.

Il est nécessaire et obligatoire pour la réussite de cette opération salutaire, de voir, si possible, comment mettre sur pied des banques agricoles pour mieux coordonner le secteur qui évolue, à 90%, dans l’informel.

Ne nous cassez pas les oreilles avec des défilés et caravanes motorisées, des émissions patronnées et politisées, qui meurent aussitôt sans rien apporter dans le chef des concernés.
Guy ILUNGA KABAMBA.
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