Eglises et État en RDC : Le duel sur des sables mouvants.

Éditorial national.

Un pavé à France 24 sur la RDC et les religions locales.

Le passage de l’éminence catholique, de la République démocratique du Congo, sur le média international français, France 24, ne doit pas être pris à la légère.

Loin de paraître comme l’expression d’un diagnostic libre sur une situation nationale générale préoccupante, ses propos, mine de rien, accusent l’échec de toute une nation.
Il n’a peut-être pas mesuré, froidement, toute l’étendue de ses propos dans l’entendement des uns et des autres congolais.

Attention ! « La faillite qui se lit partout », tel qu’il l’a déclarée, est à tous les niveaux et multisectorielle. Il a aussi avoué que « le peuple ne sait plus à quel saint se vouer », comme pour reconnaître que, même sur le plan idéal et… spirituel, il n’y a plus rien en quoi la population a foi.

N’est-ce pas là un aveu conscient que d’une part, les leaders politiques ont échoué de véhiculer et insuffler un idéal prometteur aux citoyens et citoyennes de la RDC et que, d’autre part, l’église, dans l’ensemble de toutes les confessions religieuses comprises, n’a pas, non plus, pu mener sa mission : Celle d’orienter le peuple vers la sainteté à laquelle il faut se vouer. Autant les princes de l’État ont lamentablement échoué politiquement, autant les princes de l’Église ont gravement failli spirituellement. Voilà bien l’âpre verdict de la sombre vérité sur le désastre national pour le peuple congolais.

Entretemps, il y a une autre question à poser à tous ces leaders politiques et religieux et à laquelle on aimerait bien recevoir une réponse: Si le peuple sait pourquoi est-ce que vous vous êtes mal comportés, il s’interroge de savoir pour qui avez-vous fait tout cela ?
Un vrai gâchis, à la fois politique et spirituel, qui abandonne le peuple dans un dénuement total.

Autre vérité qui fait mal. Pourquoi l’éminence catholique a choisi de s’exprimer sur le média international français à la veille du XIX ème Sommet de la Francophonie qui va se tenir en France ?
C’est pratiquement un croc en jambe du prince de l’église catholique congolaise, le Cardinal Fridolin Ambongo Besungu, fait au prince de l’ État congolais, le Président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi qui perd un peu de la hauteur avec ce pavé dénonciateur sur l’état alarmant de la Nation dont il est le Garant.

Quand un congolais parle de vert, il faut qu’un autre parle de rouge. C’est dire que rarement et naturellement, la voie de l’unité nationale a été mise à profit face à un péril commun: La Souveraineté nationale menacée.
On voit bien que le Cardinal et le Président de la république n’ont pas complétement enterré la hache de guerre avec cette taque à un moment, quelque peu, délicat pour notre diplomatie à l’échelle internationale.

La tribune de ce sommet de la Francophonie est une très belle et grande opportunité pour faire entendre la détresse du peuple congolais en proie à tous les malheurs, avec, en particulier, le drame à l’Est du pays.
Cette autre voie optée par le Cardinal Ambongo justifie nettement le caractère trop personnalisé de représenter les communautés en RDC. Il faut tacler son compatriote pour donner une consistance à sa face plus qu’à l’objet pour lequel on a cette occasion, le pays et le peuple. On se sert de l’intérêt général pour, en fait, laisser libre cours à sa propre veine en marchant sur la solidarité du bloc compromis. Les congolais ne savent pas taire leurs divergences ou antagonismes face à un adversaire étranger pour l’intérêt général !

Avec les propos du Cardinal, combien vont-ils prendre au sérieux les arguments du Chef de l’État congolais, sur la scène internationale ?
C’est encore là, un véritable scénario du défaut typiquement congolais. Comme c’est dommage depuis, après l’emprisonnement de Patrice Emery Lumumba, le seul acteur politique de notre Histoire, à avoir obtenu le soutien de tous les leaders politiques et civiles de l’époque qui avaient exigés sa libération à la Métropole, pour participer à la Table Ronde de Bruxelles en 1960.

Point de vue.
Les déclarations du Cardinal Fridolin Ambongo Besungu, sur le plateau de France 24, ont fait plus de tort à plusieurs intérêts du gouvernement national sur le plan international.
Comment espérer quelque chose, après ça, à l’élection au bureau du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies de Genève?
Comment espérer se faire entendre, dans la communauté internationale, à juste titre, après que les détracteurs profitent de cette brèche du prélat catholique, pour justifier leurs manœuvres contre le pouvoir en place ?

Conclusion. Ce n’était pas, à notre avis, le lieu et le moment de s’exprimer sur des préoccupations et des conséquences nationales qui nécessitent une conscience locale et non, un arbitrage extérieur. Encore qu’il faut reconnaître que l’église congolaise a sa grande part de responsabilité dans le chaos politique congolais actuel.

La rédaction.