Éditorial Sécuritaire : Vivement la restructuration des Fardc, le ventre mou de la défense et de l’intégrité nationales.

Sécurité : Vivement la restructuration des Fardc, le ventre mou de la défense et de l’intégrité nationales.

L’actualité nationale de la République démocratique du Congo livre, entre plusieurs tensions politiques et sociales, une autre des préoccupations les plus urgentes à considérer : La nature de son armée.
Peut-on admettre que les FARDC constitue, à ce jour, un corps d’unités et d’éléments dignes d’une armée républicaine?

Pour y répondre, un retour sur les origines de notre armée s’impose vu qu’actuellement, les forces armées de la république, FARDC, traversent leur plus importante remise en question quant au climat qui règne dans les différents échelons.

L’unité de conscience professionnelle commune n’est pas à parier dans les rangs des unités et garnisons comme en les rapports entre les officiers galonnés. Les uns dénigrent les autres qui les raillent. La fameuse camaraderie du genre « Brothers in arms » n’est pas perceptible dans les FARDC d’où, de nombreuses dérives sont indexées et courantes dans les comportements des soldats.

En somme, il existe des parachutés et improvisés dans les services militaire et policier en concurrence de ceux qui y font carrière depuis leur recrutement. Cette distinction résume la véritable question à laquelle il faut trouver une réponse pour réformer l’armée et la police locales. C’est un aspect à dissocier dans l’opinion publique qui a tendance à se distraire avec un sujet viral dans l’actualité : L’interpellation de plusieurs hauts officiers à majorité swahiliphone.

Contrairement à l’impression, la vague des interpellations de ces officiers ne devrait pas correspondre à une quelconque purge ethnique ou tribale tel que veulent laisser penser ces manipulations des faits. Ainsi, pour mieux comprendre ce qu’il en est, il est nécessaire de remonter aux origines de la création et la formation de la police et de l’armée congolaises jusqu’à ce jour, en ce qui concerne, particulièrement, les modes de recrutement.

La vérité est que le corps de nos armées constitue, comme jamais vécu ailleurs, un assemblage désordonné de plusieurs policiers et militaires sans des références qui renseignent un parcours modèle à l’éthique du domaine; par conséquent, cela pose des multiples problèmes de coordination des unités.
Parler de cohésion dans les FARDC est une utopie, voire une erreur de jugement. C’est une évidence que notre armée nationale est très mal constituée présentement.
Les effectifs actuels, vu les nombreuses contingences et assimilations qui ont été appliqué sur le corps, en raison des exigences politiciennes conduites par des accords de consensus fatal, sont des plus hétéroclites. Il faut reconnaître que le souvenir de la dernière armée nationale digne de ce qualificatif remonte à celle juste avant la chute du Maréchal Mobutu Sese Seko Kuku Gbendu Wa Za banga.

Pour en dire davantage sur les attentes actuelles qui se résument par la reformation des corps de notre armée, revenons un instant sur la chronologie de cette entité qui représente la défense nationale, à travers le temps :

De la Force Publique comme substitut de l’armée coloniale:

La Force Publique, telle était sa dénomination, était un corps bien organisé et rigoureusement coordonné. Des instructeurs européens, bien renseignés sur les ressources indigènes, en avaient établis des critères de sélection pour procéder à des recrutements efficaces dont la fiabilité, en majorité, tenait plus des traditions guerrières et culturelles locales. Des exceptions existaient mais, les pépinières étaient des sources connues de tous, sur l’échiquier humain de la colonie, pour disposer du plus grand nombre des aspirants à la voie des armes et de la police.

Les colons ont exploité ces filières locales pour rassembler et repartir les fonctions, partant de ceux aptes à assurer la chaîne des commandements au grades les plus bas pour organiser l’administration militaire de l’époque coloniale. C’est dire qu’il y avait plus de ressortissants de telle provenance tribale ou ethnique parmi les rangs des fantassins, des sous-officiers et des officiers.
On le savait et cela donna à notre armée, un corps parfait qui l’aligna, des décennies durant, au top des meilleures armées du continent. Pour preuve. Les éléments de la Force publique coloniale eurent à s’illustrer une belle réputation partout où elles furent envoyées : Gambela, Saïo, Birmanie,… Les anciens combattants demeurent des exemples dans la mémoire même morte de tous ceux qui passent dans la commune de Kasavubu.

Des Forces Armées Zaïroises à leur chute : Kamanyola, Moba, Mutshatsha, N’djamena, Kibati,… Ce sont là quelques unes des batailles épiques au cours desquelles les soldats du Zaïre de Joseph Mobutu ont fait leurs preuves. Comment s’expliquer leur réputation honorable?
Il en était, de ces régiments, des généraux aux bidasses, des soldats recrutés et formés sur place à la suite d’une série de sélection et formations rompues à un cursus traditionnel hérité des critères coloniaux. Lui-même, étant un produit de la Force Publique, Mobutu fit de son armée l’expression exclusive de tout son pouvoir. Il s’en était servi pour son étoffe et imposer son règne implacable pendant trois décennies. Il s’en enorgueillissait à toutes les occasions avec de grands défilés, à l’image de ceux de la guerre froide, au point que son aura relevait de tout le prestige militaire du Zaïre à l’étranger.

Les voisins du Zaïre redoutaient les Forces Armées Zaïroises, FAZ. Seulement, les méfaits et dérives de la dictature Mobutiste ont détruit la constance morale des troupes avec, d’une part, la création des unités monoéthnique spécialisées et marginales telles que la Division Spéciale Présidentielle, DSP, et la Garde civile, plus pour sa propre garde et sécurité et, d’autre part, la déliquescence politicienne très avancée qui entraîna la corruption des élites militaires exploitées par le virus politicien, la décadence des FAZ se scella. Toutefois, malgré tout, l’esprit des pionniers demeurait parmi plusieurs, en raison de la qualité des principes et rigueurs d’antan qui persistaient.
On l’avoue. Toute cette architecture militaire s’est dissolue irrémédiablement à l’avènement de l’AFDL( Alliance des Forces Démocratiques de Libération) qui s’est avérée, par la subversion planifiée des subtilisations étrangères et des mercenaires, une insidieuse entreprise de déstabilisation des fondements cardinaux du statut militaire de l’État zaïrois.

Le temps de s’en rendre compte, trop tard, le ver était déjà bien infiltré dans le fruit. Nous en payons la méprise encore.
Les mêmes erreurs produisant les mêmes effets, la pulvérisation du système fiable de constitution de notre armée nationale s’est poursuivie à l’aube de l’événement le plus marquant après l’assassinat du président Laurent Désiré Kabila : Le Dialogue intercongolais de Sun City en Afrique du Sud.

Des FARDC, depuis Sun City à nos jours : C’est à l’exécution des résolutions et règlements de ce dialogue intercongolais que le véritable démantèlement des FAZ, Forces Armées Zaïroises, converties en FARDC, Forces Armées congolaises, s’est opéré officiellement. Les différents belligérants:RCD-Goma,MLC, RCD/KM-L, RCD-N, nébuleuse des Maï-Maï, obtiendront, de la communauté internationale et du gouvernement en place, l’accréditation de d’incorporer leurs effectifs militaires, formés sur des procédés pas conventionnels et des motivations rebelles inconnus au prototype universel de la formation dans les académies militaires.

Sur ce, avec la récrudescence des conflits et rébellions, dans le jeu des acteurs politiques, du reste, maintenant leur influence sur leurs anciennes troupes et officiers, l’issue de ce melting-pot, des armées adversaires il y a peu, ne pouvait et ne pas aboutir à un bon résultat final. C’était faire montre d’irréalisme ou de négligence coupable que d’en espérer autrement !
Il faut imaginer l’incorporation des miliciens des groupes armés, pour la plupart membres des forces d’auto-défense populaire promus à cette intégration dans le corps armé réformé d’une grande armée républicaine, avec des promotions sans référentiels militaires homologués. En tout cas, c’est le bordel militaire accompli.

Aujourd’hui, les groupes armés fabriqués par des civils, des para- militaires et des militaires mutins constituent une équation sur l’échiquier de la restructuration d’une seule armée républicaine. C’est difficile de mettre ensemble des vrais soldats de carrière au même rang que des soldats de fortune ou des mutins déserteurs !
On ne peut pas s’empêcher d’indexer certaines opérations d’inclusion militaire qui, à elles seules, porte la plus grande part des responsabilités nuisibles et la part la plus meurtrière de l’esprit militaire congolais, cas du mixage et du brassage. Cette reconfiguration des forces loyalistes avec les éléments des groupes rebelles et milices s’avère la pire réinsertion qui soit.
Ce genre de procédé, dicté par des intentions à pénétrer, pour comprendre la volonté des auteurs, se révèle le venin que l’on a du mal à extirper ou à trouver un antidote.

Les unités du M23 (1) et les Maï-Maï, … qui en ont bénéficiés pour de bons grades, s’en sont désolidarisés pour rempiler dans la mutinerie avec la seconde rébellion M23-AFC. Ceci reste de sombres legs, du régime précédent, à gérer aujourd’hui.
Au travers de ces éléments, des ramifications politiciennes et partisanes hantent de véritables présomptions de révolte et d’irréductibilité à l’ordre général établi.

C’est pourquoi, il est indispensable que notre armée soit reconstituée et nettoyée de l’infiltration des éléments improvisés, parachutés, politisés, étrangers et incompétents pour devoir assumer la défense nationale.
Les événements actuels sont les conséquences du mauvais usage que l’on a fait de l’apostolat militaire. Tant que le clientélisme et le népotisme persisteront dans le recrutement de notre armée, les résultats seront continuellement contreperformants.

Le pire à craindre, les manipulations politiciennes qui s’évertuent à inoculer les germes d’une tribalisation du problème. Il est vrai que notre armée a été tribalisée. Nous avons donné les raisons de l’époque coloniale avec la prédominance des ressortissants du grand Équateur, de la province orientale, disons du grand nord, qui sera renforcée avec l’accession au pouvoir d’un Gbandi mais, la suite à démontré l’inversion progressive des tendances avec l’école de formation militaire ( EFO) de Kananga-Luluabourg qui a attiré beaucoup d’originaires du grand Kasaï.

Quant au cas de la présence remarquable des éléments de l’espace swahiliphone, particulièrement des katangais et autres du grand Kivu, dans la police et l’armée, ce sont les régimes de l’AFDL de Laurent Désiré Kabila et Joseph Kabila qui en sont responsables, alors que pour le colonisateur, ces ethnies étaient orientées vers des emplois et services administratifs dans la fonction publique.
D’où, il faut faire le distinguo et nuancer les implications sans verser dans la subversion des réalités historiques. Les temps et les traditions culturelles ont beaucoup évolué mais, c’est le fonds qui compte. La rédaction.( Guy ILUNGA.)