Reduction de la mortalité infantile en RDC, ANAMED : » La solution passe par la mobilisation du secteur médical privé »
REDUCTION DE LA MORTALITE INFANTILE EN RDC
ANAMED : « La solution passe par la mobilisation du secteur médical privé »

Dans un entretien avec Le Vrai Modérateur, le docteur Fahanfant Mbaki Nzuzi, Coordonateur de l’Association nationale des médecins directeurs de secteur médical privé en RDC, ANAMED, note que le secteur médical privé est un pilier fort pour sauver la santé de la population, surtout qu’il compte en son sein 8.266 structures contre 319 structures du secteur public. Face au taux élevé de mortalité infantile, il faut mobiliser le secteur médical privé, piloté par Anamed. Surtout qu’il prend en charge 44% de la population pour des soins ambulatoires et 25% pour des soins hospitaliers, soit 69% de la quasi-totalité. D’où son appel pour que l’état adhère à la vision de Anamed tout en lui donnant des moyens financiers.

LE VRAI MODERATEUR (LVM) : Parlez nous brièvement d’Anamed ?
Fahanfant Mbaki Nzuzi (FMN) : L’Anamed a été créée le 19 avril 2023 à Kinshasa, après un constat de plusieurs années fait dans le secteur médical privé. Elle est dans les provinces de Kinshasa, Lualaba, Kwilu, Kwango, Kongo-Central, Tanganyika, Katanga et Mai-Ndombe. C’est une structure formelle et a déjà rencontré plusieurs autorités de la place, à part le ministre de la Santé publique, Dr Roger Kamba qui hésite encore pour le recevoir.

Cette structure qui est plus qu’un syndicat a frange collaboration avec les pays étrangers, dont le Congo Brazzaville où Anamed a été invitée par le président du secteur médical privé de l’Afrique centrale, le Dr Jean Daniel Ovaga pour représenter la R-dC.

LMV : Quels sont les objectifs poursuivis ?
FMN : L’objectif global est de promouvoir le bien être commun des structures et des personnels qui évoluent dans le secteur médical privé, tout en respectant les six piliers du système de santé de l’Organisation mondiale de la santé, OMS : la gouvernance et leadership, la prestation des services, l’accès aux médicaments essentiels, le personnel de santé, le financement du secteur et le système de l’information qui fait défaut.

LMV : D’où vous-êtes venue l’idée de créer Anamed ?
FMN : Le tout est parti d’un constat colossal. Mais la motivation majeure est venue du chef de l’Etat Félix Tshisekedi, qui a mis en place la couverture de la santé universelle. Cette décision me rappelle une charte qu’on a signé en 1978 par l’ex URSS qui prônait les soins de santé primaire, dont la couverture de la santé universelle fait allusion. L’idéal était de réunir 145 Etats du monde entier….
LVM : ….Qui disait quoi ?
FMN : Cette charte faisait un constat de non prise en charge de la population en ce qui concerne les soins de santé primaire pour la population du monde. Elle a mis à la disposition du monde 4 axes, le plus important est le développement et la santé qui dit que lorsque la population est en bonne santé elle produit et le pays se développe mais si elle est malade elle consomme. C’est ce qui fait que le système de santé n’évolue pas, parce que nous sommes dans un état où la population est malade.

LVM : Est-ce Anamed une sorte de syndicat ?
FMN : Non. Elle est plus qu’un syndicat, car les syndicalistes réfléchissent pour leurs intérêts. Un syndicat c’est juste la forme et ne peut pas s’assoir sur un secteur qui vit dans l’informel. « Anamed est là pour construire le secteur médical privé et touche le fond du problème. Tenez ! Nous avons des devoirs à accomplir puisque l’état a faillit pendant 42 ans.
Depuis la signature de ladite charte et la venue de la couverture de la santé universelle (qui est sous la direction du ministre de la Santé, le Dr Roger Kamba). Il y a deux ministres qui devraient sauver le secteur de la santé, le ministre qui avait connu la charte de 78 avait failli, il avait fait appel aux ONGDS, à la Société civile et aux églises pour qu’on lui vienne en aide pour relever le système de santé en R-dC. C’est ce qui justifie le taux élevé de mortalité en R-dC. Pour pallier à cela, il faut mobiliser le secteur médical privé, désolé le ministre Roger Kamba n’arrive pas à comprendre. Comme le chef de l’Etat est arrivé avec la politique de la santé universelle, levons nous et accompagnons-le pour que cela ne soit pas un slogan.

LVM. Est-ce-que les décideurs sont réceptifs ?
FMN. Nul n’est prophète chez soi. En terme de documentation, la R-dC est 182/190 pays au monde, où le climat des affaires est stressant. L’Anamed a fait des avancées significatives et a même un cahier de charge qu’il a mis à la disposition des institutions.

LVM. Ont-elles accepté tout cela ?
FMN. Il faut passer à une suffisance insuffisante, l’Etat congolais pense se suffire, or il a beaucoup des insuffisances remarquables. Il a failli et il devrait faire appel à d’autres expertises (ANAMED), car la solution ne viendra pas par le seul ministre sectoriel. En tant qu’expert en secteur médical privé, on s’est dit qu’on ne peut pas laisser le pays, nous devons sortir du lot des pays où le taux de mortalité infantile est élevé et couvre la moitié de la population du monde. La R-dC participe avec 4 autres pays du monde à la moitié de la mortalité des enfants de moins de 5 ans.
Qui s’est déjà levé pour dire que le secteur de la santé pose problème, apportons des solutions. Je suis le premier à crier tout haut que ce secteur est un pilier fort pour sauver le secteur de la santé.

LVM. Quel est l’apport technique de Anamed dans le système sanitaire en RDC ?
FMN. Je l’ai dis dans sur une chaine de la place, lors de la venue de Mpox qui est pour moi une guerre sanitaire qui a touché la population. Et j’avais donné des lignes directives du secteur médical privé : (1) l’essentiel doit primer sur les priorités ; (2) il y a le devoir de vérité qui prime ; (3) le secteur médical privé devrait pratiquer la logique de l’état et non la logique politique.
Nous avons l’obligation de mettre en place cette politique d’état pour sauver la population qui n’a pas accès aux soins de santé, à un régime alimentaire, à l’accès à l’eau potable. Tout ça affaiblit la santé de la population. Or, quand une telle population vient chez vous dans un état fébrile et se fait soigner dans un centre de santé non fonctionnel, non équipé et un personnel non qualifié. Vous voyez ce que ça donne ?

LVM. Anamed a-t-elle déjà recensé des hôpitaux, centres de santé, dispensaires pour mettre de l’ordre ?
FMN. Depuis l’avènement du secteur médical privé en 1970, le pays n’a jamais fait un état de lieu de ce secteur de la santé. L’Anamed propose un recensement pour Kinshasa et en province. Pourquoi ? Cette législation devrait couvrir l’ouverture des centres de santé. « Les clarifications des services de la santé », c’est le constat fait par ANAMED. Le vrai problème ne pas l’ouverture mais plutôt les démarches pour l’ouverture d’un bon centre de santé, dont le leitmotiv est « le diagnostic territorial ».

MUTUALISATION DES ATOUTS
LVM. L’Etat n’a pas peur que Anamed lui vole la vedette ?
FMN. Non ! C’est un problème de la nation. Nous devons faire la mutualisation des atouts, c’est-à-dire de la même manière que l’on trouve dans le fin fond des villages une bière, on doit aussi trouver un comprimé de paracétamol. Anamed étudie comment la bière peut arriver et comment le paracétamol peut également arriver. C’est le ministère de la santé qui devrait faire ça, à moins qu’il soit réceptif. Dans un pays où le secteur médical privé prend en charge 44% de la population pour des soins ambulatoires et 25% des soins hospitaliers. C’est 69% de prise en charge de la quasi-totalité de la population.

LVM. Anamed travaille avec quelle structure ?
FMN. Par rapport au secteur public de la santé qui se présente en ordre dispersé, Anamed compte plus de 800 structures dans sa base des données, avec ça on peut facilement identifier un docteur qui a un problème. Nous sommes la bouche autorisée, Anamed c’est l’enfant que le secteur médical privé attendait. L’état devrait adhérer à sa vision et lui donner des moyens financiers. Occasion pour le Dr Mbaki de remercier les différents partenaires qui l’accompagne.
Olympus Médias RDC. pour l’interview.
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